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26/04/2010

Papillote productrice de cinéma

king of comedy.jpgLa mère des gosses me demande :
- Vous êtes dans le cinéma, vous ?
Ouiiiii… d’ailleurs je vous présente mon assistant (l’enfant de 2 ans) ma secrétaire (la petite de 4)…
- Vous avez des amis dans le milieu alors ? Parce que j’ai un copain qui veut faire un film. Bon par contre je vous préviens : il est fou.
Déjà qu’elle ne correspond absolument pas à ma définition de la normalité, je n’imagine même pas qui est considéré comme timbré par elle…

Le lendemain le téléphone sonne pendant le baby-sitting :
Moi : - Madame Truc n’est pas là. Je peux prendre un message ?
Voix traînante de crâneur : - Naaaaan…. C’est à toi que je veux parler…
Moi : - Ah… vous êtes qui ?
Le « fou ».
Le type m’explique qu’il est « un artiste tu vois » « j’ai trop plein d’idées dans ma tête » « je vais faire un carton… » « Mon film va être génial »
Moi : - Ok. Et c’est quoi ton scénario ? T’as fait quoi d’autres comme film ?
Type : - Aucun. Nan mais pour l’instant j’ai pas trop écrit l’histoire…  j’suis un autodidacte moi… »
Heureusement un gamin se met à hurler au même moment :
Moi : - j’entends rien, les enfants se battent…
Type : - ah oui t’as peut-être du boulot là…
Moi : - exactement. Je te laisse. »

Il a rappelé tellement souvent que je reconnaissais le numéro et ne répondais plus.
Puis un jour, je rentre de l’école avec les gosses. Je trouve un mec affalé sur le fauteuil, une bouteille de rouge à la main.
Le pseudo cinéaste. Merci de me prévenir. Impossible de me dérober. Il est tel que je l’imaginais : un prétentieux complètement à la ramasse. Il prend la pose comme s’il était sous les projecteurs. Bref, trop facile de remettre ce branleur à sa place…

Tout en se bourrant la gueule devant les gosses, il me tient un discours incohérent. Il a tout fait dans sa vie (à 35 ans passés, il n’a exercé que 2 ou 3 petits boulots). Il est très intelligent et plein d’avenir (il n’aligne pas trois mots correctement et n’a même pas son brevet des collèges). Il a pas mal bourlingué, il a fait le tour du monde (c’est un quasi SDF sans maison, sans famille et sans travail).
Pour couper court à son discours ridicule, je propose de lire un bout de son scénario. Il me montre d’abord un truc qui ressemble à une rédaction de CE1, avec des fôttes d’auretografe tous les trois mots. Puis il me dévoile le début de son « chef d’œuvre, le film de sa carrière » :
« Je te préviens, il est en anglais parce que comme j’ai vécu (deux jours) aux States cette langue me parait plus naturelle maintenant. Ca ira, tu pourras comprendre ? »
Jean-Claude Van Damme, sors de ce corps.

Je jette un coup d’œil. J’essaie de lui expliquer poliment qu’un scénar s’écrit avec un minimum de règles…
Type : - Oui sûrement, mais moi tu vois, j’écris comme je veux, je sors des sentiers battus moi… J’ai une idée qui à mon avis fera un film de six heures…
Moi : - Faudrait déjà que tu réalises un court-métrage de 10 minutes avant de te lancer dans une épopée ! »

Ne comprenant toujours pas son délire, il s’imagine sans doute que c’est moi la pauvre fille qui n’y connaît rien. Il veut parler directement au pro :

à mon pote qui bosse dans la production…

Suite demain

Nouveau ! Quizz On connaît le film : pourquoi l'affiche de King of comedy (la valse des pantins en V.F) illustre t-elle cette note ?

20/02/2010

Le tombeur de ces dames

tombeur.jpgSouvenez-vous du gosse qui sait tout
A 5 ans, mon neveu connaissait les noms des fleurs, des  poissons, des insectes… et tous les noms d’oiseaux. (Non, pas les insultes, les bestioles à plumes)
Ensuite, son institutrice a enfoncé le clou : « Il a réussi TOUS les examens pour le passage en CP...100 % de bonnes réponses...il est TRES TRES loin devant les autres… ah ça, vous pouvez vous la péter d’avoir un fils pareil … »
Ce que je n’avais pas noté à l’époque (je trouvais ces flatteries bien suffisantes, non mais) c’est que la prof a rajouté :
« En plus, il est A-DO-RA-BLE. Il est gentiiil ! et poliiiii ! Il est tellement doux, il s’intéresse à tout… » Vous remarquez le bel alexandrin qui rime. La maîtresse compose peut-être une Ode à mon chouchou.

Cette année en CP, la fille de l’institutrice est dans la même classe que mon neveu. A force d’entendre sa mère vanter ses mérites et le citer en exemple… Elle a décidé que mon neveu était son amoureux.
Ainsi que Maélys, Candice et Brice (non, le dernier était pour la rime)
Le problème, c’est que mon neveu n’est pas d’accord du tout :
« La fille de l’instit, elle m’embête, elle me colle trop. Elle est tout le temps avec moi. (Comme par hasard, la prof les a installés côte à côte en classe)

Non, celle que mon neveu aime, c’est Lola. Car il n’est qu’un fantôme quand elle va où il n’est pas. Tu sais ma môme, que je suis Morgane de toi.
Lola est la fille du réparateur télé-ordinateur-installateur du câble.

enfants amoureux.jpgUn jour, le père de Lola vient chez mon frère pour installer Canal Satellite pour noël, c’est un cadeau exceptionnel. Il est accompagné de sa fille. Lola part jouer avec mon neveu.
Plus tard, elle revient et annonce aux parents : « il a essayé de me faire un mimi sur la bouche. »
Mon neveu hausse les épaules et réplique sans se démonter, sur un ton snob :
« Je pensais que c’était une bonne idée. »
Quoi ? Mon neveu ? ce petit garçon bien sage et tout timide, ce petit intello, ce rêveur, est en fait un tombeur, un play-boy ?

Mon frère (donc le père de mon neveu, hein) lorgne du coin de l’œil le réparateur télé (donc le père de Lola) pour voir s’il va pas lui péter la gueule, ou du moins sa télé. Meuh non, le père rigole.

Le lendemain, dans la cour de récré, Lola se dirige vers mon neveu. Elle lui prend la main, se penche vers lui et lui fait un bisou sur les lèvres. Après, euphoriques, les deux amoureux se promènent dans la cour, bras dessus bras dessous. Depuis, ils se tiennent tout le temps par la main dans le rang et dans la cour. Ils étalent leur bonheur à la face du monde.

La fille de l’instit est toute triste.
Du coup, je ne sais pas si mon neveu reste le chouchou de la maîtresse.
Je vous dirai si les appréciations et les notes ont baissé sur le bulletin aussi.
Au même âge, mon frère trouvait que les filles étaient  gnangnans à jouer avec leur petit poney et leur Barbie. Moi à 6 ans je trouvais que les garçons étaient vraiment cons à jouer à des trucs débiles et brutaux comme le foot et la guerre. Un amoureux ? Pfouh, vous n’y pensez pas. On avait d’autres chats à fouetter à notre âge.
Croyez-vous que je sois jaloux ? Pas du tout, pas du tout… Moi, j’ai un piège à filles, un piège tabou…

Quizz "On connaît la chanson" : deux tubes et un jingle publicitaire se sont glissés dans ce texte. Saurez-vous les retrouver ?

28/11/2008

Un baby-sitting gore

Samedi soir, je bosse. Enfin, mon boulot consiste à jouer à « croque carottes » avec des gosses, je fais du baby-sitting. Éreintant.

La mère me dit : « Les enfants doivent être couchés à 21h30 au plus tard ». H-5, les petits refusent d’abandonner la partie de « stop ouistiti ». Je n’insiste pas trop : comme ça je m’occupe des gosses. Je ne suis pas payée juste pour lire pendant qu’ils dorment. Et puis c’est samedi. Et puis les parents ne le sauront pas…Je cogite : "21h30, ils devraient être couchés…"  Ils vont aux toilettes, se lavent les dents. Le fils se dirige vers son lit, la fille repose son tube de dentifrice… C’est bon, tout s’est bien passé. Il est 21h35. C’est pas pour cinq minutes… Allez vite, au dodo.

Et là, innocente, la petite me dit : « c’est quoi ça ? Sur le savon ? Du sang ? »
Je regarde brièvement, entraînant déjà la fillette vers sa chambre : « Je sais pas… Ca doit être du rouge à lèvres. » Tout en me disant qu’effectivement, ça ressemble à du sang, mais bon, on va pas chipoter, j’ai des enfants à coucher, et il est 21h36 ! »
Soudain, la petite hurle. « DU SANG ! DU SANG ! DU SANG PARTOUT ! »
En effet, j’en vois sur son pyjama, sur l’évier, par terre…
La gamine devient hystérique : « J’SUIS COUPEE ! J’SUIS COUPEE DU DOIGT! »
Et elle part en courant à travers la maison en semant du sang sur le sol.chucky.jpg
Zen comme d’habitude, j’imagine juste que son doigt pendouille et que son frère l’a découpé en scandant « redrum ! redrum ! ». Comme dans Shining.
Dans la réalité, la fille s’est simplement coupée avec... le bord du tube de dentifrice. Vous me direz, faut le faire. Moi, spécialiste des bobos partout, j’ai déjà réussi cet exploit.

Je cherche un désinfectant, des pansements…rien. Je pense : « C’est impossible ! Sa mère est  docteur ! Y en a forcément sous ton nez ! » La gamine hurle de plus belle, son frère est à deux doigts de faire une syncope. Dix minutes plus tard, je me résous à appeler la mère. Comme elle est au milieu d’une fête, elle n’entend pas son portable. Je m’efforce de laisser un message calme. Je force un peu la dose. Je chantonne d’une voix guillerette : « C’est juste pour savoir où sont les pansements, parce que la petite s’est un petit peu coupée » comme si je disais « C’est juste pour dire que c’est trop kikou lol avec les enfants ! Big bisous baveux ! Youpi ! »

Finalement je fais un bandage avec les moyens du bord. La petite se calme d’un coup. Elle enchaîne comme si rien ne s’était passé : « ze veux que tu me lises l’histoire avec la princesse ». Je m’exécute (pan !) tout en regardant discrètement la blessure. Oui, j’imagine encore que la coupure va se rouvrir et que la fillette va se vider de son sang dans la nuit…

Puis je remonte la piste de sang que la petite Poucette a laissée par terre. Je nettoie les gouttes sur le sol, l’évier, le mur. Comme une meurtrière qui fait disparaître la scène de crime. J’imagine les parents qui rentrent et qui voient le tableau : moi à quatre pattes par terre, en train de nettoyer le sang avec mon éponge, le t shirt taché de rouge, et je leur dis avec un grand sourire niais : « tout s’est bien passé ! Non, j’ai tué personne ! » (cliquez sur l'excellentissime pub "il ne faut pas se fier aux apparences")

Quand les parents rentrent pour de vrai, ils sont un peu inquiets : « ça a beaucoup saigné ? » . Pour ne pas les alarmer, je réponds  « non, pas du tout ». Il reste encore des preuves sur le tapis, j’avoue que « si, un peu ». Heureusement la mère est cool : « Le doigt ça saigne beaucoup… j’ai rien chez moi pour soigner...pour un docteur...les cordonniers sont les plus mal chaussés… »

Soulagée qu’elle le prenne si bien, prise dans mon élan d’honnêteté, je me lâche. Je laisse éclater au grand jour mes talents scénaristiques et mon goût pour les films d’horreur. En fait, pour minimiser l’incident, je raconte des détails avec l’humour et la légèreté qui me caractérisent (c’est ironique). La mère rigole, mais le père se sent mal : « Ah ! Non ! Raconte pas ! Je déteste le sang ! » Forcément, un parent ne ressent pas la situation de la même manière. Pour lui son enfant chérie avait échappé à la mort… Il n’aime pas le cinéma gore quoi.

Bref, pour une première garde dans cette famille que je ne connaissais pas, ça commence fort. Et bien sûr, les enfants qui devaient impérativement se coucher à 21h30, étaient au lit à 22 heures.

Voilà, c’était une de mes incroyables aventures inexistantes typiques : il ne s’est rien passé, mais j’ai réussi à imaginer le prochain scénario de saucisse, heu, saw 6. (Je sais, on l’a déjà faite celle là).